exposition des mains aux rayonnements X pour le dentiste
Le 31 octobre 2024
Conseilsradioprotection dentaireRisques d'expositionsexposition des mains aux rayonnements X pour le dentiste en début de carrière : risques cumulés et prévention
Dans le domaine de la dentisterie, les radiographies font partie intégrante du diagnostic et du suivi des patients. Cependant, l’exposition aux rayonnements X, bien qu’indispensable, comporte des risques pour les praticiens, notamment en ce qui concerne les mains et les doigts, qui sont souvent directement exposés aux rayons X.
Cet article s’intéresse aux risques pour un dentiste en début de carrière, réalisant en moyenne 11 actes de radiodiagnostic par jour, pendant 47 semaines par an.
Nous évaluerons les doses radiologiques cumulées sur une carrière de 40 ans, et explorerons les risques de nécrose tissulaire, tout en soulignant l’importance de l’usage d’un angulateur et des distances de sécurité par rapport à la tête du patient.
1. Problématique : L’Exposition Répétée des Mains aux Rayons X
Dans la pratique quotidienne, de nombreux dentistes réalisent des radiographies en maintenant eux-mêmes le capteur RVG (radiovisiographie) ou la plaque photosensible à l’intérieur de la bouche du patient. Cela les oblige à maintenir leurs doigts très près de la source de rayons X.
Si cette pratique peut sembler anodine, elle peut engendrer des doses cumulatives importantes de radiations sur les doigts et les mains du praticien au fil des années, avec des effets potentiellement irréversibles sur la santé des tissus.
2. Calcul des Doses Radiologiques absorbées et cumulées
Pour évaluer le risque encouru par un dentiste, procédons au calcul des doses radiologiques engagées pour les mains sur une carrière de 40 ans.
Hypothèses de Calcul
- Nombre d’actes par jour : 11 radiographies
- Nombre de jours travaillés par an : 47 semaines × 5 jours = 235 jours
- Durée de la carrière : 40 ans
- Dose moyenne de rayons X reçue par acte sur les doigts : Pouvant être évalué entre 0,005 mSv (milliSieverts) et 0,085 mSv pour chaque acte de radiographie lorsque les doigts sont exposés.
- Facteur de pondération pour les rayonnements X, WR est de 1.
- Facteur de pondération tissulaire pour les mains, la peau et les extrémités, WT est de 0,01, car leur sensibilité aux radiations est moindre comparée à celle d’organes critiques.
Calcul annuel de dose absorbée par les mains
La dose annuelle de radiation absorbée par la main est calculée comme suit :
[ Dose annuelle absorbée par les mains ] = [ Nombre d’actes par jour ] × [ Nombre de jours travaillés par an ] × [ Dose moyenne par acte ]
Dose annuelle absorbée = 11 × 235 × 0,005 mSv = 12,925 mSv/an
Dose totale absorbée cumulée par la main sur 40 ans
Pour une carrière de 40 ans, la dose totale absorbée cumulée pour la main devient :
[ Dose totale absorbée cumulée sur une carrière ] = [ Dose annuelle absorbée ] × 40 = 12,925 × 40 = 517 mSv
Part de Dose Efficace sur 40 ans
La dose efficace (E) est obtenue par l’équation suivante, prenant en compte la somme des doses absorbées par chaque tissu (D) pondérées par WT et WR :
Cet indicateur permet d’évaluer pour les professionnels de santé, dont les dentistes exposés aux rayons X, le risque de manière précise en tenant compte de la dose cumulée, du type de rayonnements et de la vulnérabilité des tissus exposés.
E = 517 x WT x WR = 517 x 0,01 x 1 = 5,17 mSv
Dans notre exemple et pour information, la part de dose rapportée à l’exposition de l’organisme entier sur une carrière de 40 ans aura une part de représentativité de dose efficace cumulée équivalente à 5,17 mSv.
3. Risques de santé : Nécrose et effets à long terme
Une dose radiologique cumulée absorbée par la main sur 40 ans de 517 mSv, concentrée sur les doigts, est considérable pour les extrémités.
À cette dose, les praticiens s’exposent à plusieurs risques :
– Dermatites radiques : épaississement et inflammation de la peau, entraînant douleurs et inconfort.
– Nécrose tissulaire : mort des cellules de la peau et des tissus sous-cutanés, conduisant à des lésions irréversibles et douloureuses.
– Risque de cancer de la peau : l’exposition prolongée et répétée peut augmenter le risque de carcinome des cellules squameuses au niveau des doigts.
Ces effets peuvent apparaître après plusieurs années, mais ils sont plus fréquents chez les professionnels ne respectant pas les précautions de sécurité.
4. Prévention : l’importance d’utiliser un angulateur et de prendre ses Distances avec le patient
Face à ces risques, l’utilisation d’un angulateur pour maintenir le capteur ou la plaque de manière stable dans la bouche du patient s’avère indispensable.
Ce dispositif permet d’éviter l’exposition directe des doigts aux rayons X en maintenant la distance nécessaire entre le praticien et la source de diffusion.
De plus, il permet de positionner correctement le capteur sans intervention directe de la main, réduisant ainsi considérablement la dose de radiation reçue par les doigts.
Distance de sécurité
Outre l’utilisation d’un angulateur, il est également recommandé au praticien de s’éloigner de la tête du patient et de la source de diffusion de rayonnements X pendant l’exposition.
Selon les recommandations de la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR), un éloignement d’au moins 2 mètres de la source de rayonnements X pour un équipement de radiodiagnostic dentaire intra-oral permet de réduire drastiquement la dose reçue pour la main. L’utilisation d’un tablier plombé peut-être nécessaire pour protéger le praticien.
Dans les cas les plus extrêmes où la dose absorbée au niveau de la main est supérieure à 4 mSv par mois et par individu, et que la distance ne peut être respectée, un suivi dosimétrique renforcé peut-être exigée.
Dans cette situation, le code du travail prévoit, un renforcement de la surveillance des expositions reçues pour le travailleur au moyen d’un dosimètre opérationnel. L’intérêt de ce dispositif pour la surveillance du travailleur est de fixer des seuils d’alarme réglementaires et journaliers pour le praticien.
Pour une analyse plus fine, des expositions radiologiques de la main au quotidien, le radioprotectionniste désigné par l’établissement peut aussi recommandé le port d’une bague dosimètre à lecture différée visant à affiner les résultats de doses reçues au niveau du doigt.
Conclusion
Le dentiste, notamment en début de carrière, doit intégrer dès ses premières années d’exercice des habitudes de protection strictes pour se prémunir contre les effets cumulatifs de l’exposition radiologique sur les doigts.
L’utilisation systématique d’un angulateur et le respect de distances de sécurité par rapport à la source de rayons X et à la tête du patient sont essentiels pour réduire le risque de nécrose et autres lésions tissulaires graves pouvant advenir en fin de carrière.
L’engagement pour une carrière longue et saine passe inévitablement par l’application rigoureuse de ces précautions et par la conscience de l’impact cumulatif des doses radiologiques sur la santé des mains du praticien.
Christophe Navarro, Auteur
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Sources documentaires
1. Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) – La CIPR émet des recommandations importantes sur les limites d’exposition aux radiations pour les travailleurs, y compris des études sur les effets biologiques des rayons X à long terme. Voir CIPR Publication 103 pour les recommandations générales et les limites de dose pour les extrémités :
– CIPR Publication 103, Recommandations de la Commission Internationale de Protection Radiologique, 2007.
2. Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) – L’INRS propose des lignes directrices sur les doses de radiations admissibles, les équipements de protection, et les protocoles de sécurité pour les radiographies médicales et dentaires.
– INRS, Rayonnements ionisants : protection des travailleurs exposés aux rayons X, Dossier INRS, 2017. Disponible en ligne sur le site de l’INRS.
3. Guide de Radioprotection pour les Professionnels de Santé – Ce guide, édité par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), offre des informations détaillées sur les niveaux de doses, les effets cumulatifs, et les mesures de sécurité spécifiques aux cabinets de radiologie dentaire.
– ASN, Radioprotection pour les praticiens : guide des bonnes pratiques en radiologie dentaire, Autorité de Sûreté Nucléaire, 2020.
4. Organisation Mondiale de la Santé (OMS) – L’OMS a également publié des recherches et des lignes directrices sur les effets de l’exposition aux rayons X pour les praticiens et leurs effets cumulés sur les tissus vivants.
– OMS, Rayonnement médical et protection radiologique, Organisation Mondiale de la Santé, rapport sur les doses de radiations et la radioprotection, 2016.
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