fluorescence X et détection du plomb dans les peintures : une technologie à utiliser avec précaution (thématique : source scellée)

Le 10 février 2025

Diagnostic immobilierLes chroniques de la radioprotection

Fluorescence X et détection du plomb dans les peintures : une technologie à utiliser avec précaution (thématique : source scellée)

La fluorescence X est une technique d’analyse utilisée pour identifier la présence de métaux lourds, dont le plomb, dans les peintures anciennes. Cette méthode repose sur l’émission de rayonnements X par une source radioactive contenue dans un appareil portatif. Lorsque ces rayons interagissent avec les atomes présents dans la peinture, ils provoquent une émission secondaire caractéristique de la présence de plomb à identifier.

 

Les appareils de fluorescence X utilisés pour les diagnostics immobiliers contiennent généralement une source radioactive de faible intensité, comme le Cobalt 57 ou le Cadmium 109.

 

Dès lors, on peut légitimement se poser la question du pourquoi cette technique est efficace, sans destruction et largement utilisé par les diagnostiqueurs immobiliers ?

  • Non destructive : Elle ne nécessite pas de prélever un échantillon, contrairement aux analyses chimiques traditionnelles.
  • Rapide : Le résultat est obtenu en quelques secondes.
  • Sélective : Elle permet de différencier le plomb des autres métaux présents dans la peinture.

 

 

Le principe de la fluorescence X pour la détection du plomb dans les peintures

Lorsqu’un appareil de fluorescence X est utilisé, il émet un rayonnement X primaire (généralement produit par une source radioactive comme le Cobalt 57 ou le Cadmium 109, ou un tube à rayons X). Ce rayonnement possède une énergie suffisante pour arracher un électron des couches internes (généralement la couche K ou L) des atomes présents dans la peinture analysée.

Dans le cas du plomb (Pb), les photons incidents doivent avoir une énergie supérieure à l’énergie de liaison des électrons des couches internes du plomb, ce qui entraîne une ionisation de l’atome.

Principe du réarrangement du cortège électronique et de l’émission secondaire, Lorsqu’un électron est éjecté d’une couche interne, l’atome devient instable et se réarrange en comblant cette vacance électronique avec un électron provenant d’une couche supérieure (L, M…). Ce réarrangement s’accompagne d’une émission d’un photon X secondaire, appelé rayon X de fluorescence.

L’énergie de ce photon émis est caractéristique de l’élément chimique concerné. Dans le cas du plomb, la fluorescence X émet des raies spécifiques appelées raies Kα et Kβ du plomb (situées autour de 75 keV et 85 keV).

 

Une source radioactive à ne pas mettre entre toutes les mains

 

L’utilisation de sources radioactives, même de faible activité, n’est pas anodine. Les rayonnements ionisants qu’elles émettent peuvent représenter un danger pour les opérateurs et le public en cas de mauvaise manipulation.

C’est pourquoi ces appareils doivent être conformes à la réglementation stricte en matière de radioprotection :

Stockage sécurisé des équipements contenant des sources radioactives.

Port d’un dosimètre pour surveiller l’exposition des diagnostiqueurs.

Formation spécifique à la manipulation de ces instruments.

Vérifications en radioprotection périodiques exigées pour une traçabilité de la mise en œuvre sécuritaire demandée au titre de la réglementation.


Toute exposition excessive aux rayonnements ionisants peut entraîner des effets biologiques graves, tels que des brûlures radiologiques, des lésions cellulaires ou encore un risque accru de cancer en cas d’exposition prolongée.

 

Parmi les incidents les plus aberrants : la perte d’une source au cobalt-60 dédiée à du diagnostic immobilier

 

Dans un des cas les plus insolites, un diagnostiqueur immobilier a égaré une source radioactive de cobalt-57 utilisée pour la fluorescence X après l’avoir laissée dans le coffre de sa voiture… qu’il avait confiée à une casse automobile pour destruction.

L’incident a été découvert après que les capteurs de radioprotection d’un centre de recyclage ont détecté une anomalie radioactive sur un lot de ferraille. L’oubli a nécessité l’intervention immédiate de l’Autorité de Sûreté Nucléaire et d’une équipe spécialisée pour récupérer la source avant qu’elle ne soit dispersée dans la chaîne de recyclage, évitant ainsi un risque de contamination généralisée.

Ces incidents ont conduit l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection (ASNR) à renforcer les contrôles et à rappeler l’importance d’un usage strictement encadré de ces technologies.

 

Découvrez notre cas d’études NOVA RADIOPROTECTION © qui présente sous forme de brève la source scellée de Cadmium 109 d’un diagnostiqueur immobilier circulant à scooter qui s’est retrouvée par accident dans une rue piétonne, et qui a été ramassée par un passant. Pour lire cet article, cliquez-ici.

 

 

Les dangers pour le grand public et les incidents recensés en France

 

Malgré ces précautions, plusieurs incidents liés à l’utilisation de ces appareils ont été recensés en France :

  • Perte de sources radioactives : Certains diagnostiqueurs ont égaré des sources de fluorescence X, représentant un risque majeur si elles venaient à être manipulées par une personne non formée.
  • Fuites radioactives : Des contrôles techniques ont révélé des défauts d’étanchéité sur certains appareils anciens, exposant les opérateurs à des doses supérieures aux normes autorisées.
  • Exposition accidentelle : Des cas de mauvais stockage des équipements ont conduit à des expositions involontaires d’employés ou de particuliers.
  • Détection tardive d’irradiations : Certains diagnostiqueurs ont développé des symptômes liés à une surexposition après plusieurs années d’utilisation sans contrôle adéquat.

Ces incidents ont conduit l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de radioprotection (ASNR) à renforcer les contrôles et à rappeler l’importance d’un usage strictement encadré de ces technologies.

 

 

Plusieurs analyseurs portatifs de plomb utilisés en diagnostic immobilier intègrent des sources radioactives spécifiques pour détecter la présence de plomb dans les peintures

 

Voici quelques références d’équipements couramment utilisés :

 

1. Pb200i : Cet analyseur fonctionne avec une source radioactive de cobalt-57 d’une activité de 185 MBq. Il est conçu pour détecter et analyser rapidement la présence de plomb dans les peintures, facilitant ainsi la réalisation des constats de risque d’exposition au plomb (CREP).

2. FEnX : Équipé d’une source de cadmium-109, cet appareil est également utilisé pour la détection du plomb dans les peintures. La source radioactive scellée permet une analyse précise par fluorescence X.

3. Niton XLp S : Ce modèle peut être équipé d’une source de cadmium-109 avec une activité de 370 MBq (durée de vie de 36 mois) ou de 1480 MBq (durée de vie de 64 mois), offrant une analyse rapide et précise des peintures pour la détection du plomb.

Il est essentiel de manipuler ces appareils avec précaution en raison de la présence de sources radioactives. Une formation appropriée et le respect des protocoles de sécurité sont indispensables pour assurer la sécurité des utilisateurs et du public.

 

Conclusion : un outil puissant, mais exigeant.

La fluorescence X est un outil performant pour détecter le plomb dans les peintures, son utilisation implique des responsabilités importantes.

Les professionnels doivent respecter des protocoles rigoureux de Stockage , de transport, de dosimètrie, de Formation et de Vérifications en radioprotection périodiques exigées pour une traçabilité de la mise en œuvre sécuritaire exigée au titre du code de l’environnement et de la santé publique. L’objectif visé, et d’éviter toute exposition inutile aux rayonnements.

On notera que la vérification et la formation jouent un rôle accrue pour une adéquation réglementaire qui vise à garantir au mieux,  la sécurité des opérateurs et du public.

Christophe, NAVARRO, Auteur
NOVA RADIOPROTECTION ©

 

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Sources documentaires


– Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection (ASNR) – Rapports annuels sur la radioprotection

– Ministère de la Transition Écologique – Réglementation sur les diagnostics immobiliers et la radioprotection