L’importance de l’usage d’un angulateur par les chirurgiens-dentistes pour mieux répondre aux exigences fixées par le Code du travail

Le 19 février 2025

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L’importance de l’usage d’un angulateur par les chirurgiens-dentistes pour mieux répondre aux exigences fixées par le Code du travail

 

La radiologie dentaire est un outil indispensable dans le diagnostic et le traitement des pathologies buccales. Cependant, l’utilisation des rayonnements ionisants présente des risques, tant pour les patients que pour les professionnels de santé.

En France, les chirurgiens-dentistes sont exposés à ces risques au quotidien, notamment lorsqu’ils effectuent des radiographies intra-orales. Pourtant, malgré les progrès technologiques et les normes strictes en matière de radioprotection, certaines pratiques risquent de mettre en danger leur santé à long terme.

L’usage de l’angulateur, un dispositif qui permet de maintenir le capteur intra-oral en place sans contact direct avec le praticien, constitue l’une des solutions les plus efficaces pour réduire l’exposition aux rayonnements.

Cependant, cette pratique reste encore trop peu répandue dans le milieu dentaire français. Dans cet article, nous explorerons les raisons pour lesquelles l’angulateur n’est pas encore systématiquement utilisé, les risques radiologiques associés au travail au contact direct des patients, et l’importance de l’application des réglementations du Code du travail en matière de radioprotection pour garantir la sécurité des professionnels.

Pourquoi l’utilisation d’un angulateur est essentielle en radiologie dentaire

 

En radiologie dentaire, l’angulateur est un dispositif indispensable qui permet de maintenir le capteur intra-oral en position sans intervention manuelle.

Son usage présente plusieurs avantages cruciaux :

  • Réduction de l’exposition aux rayonnements : L’angulateur supprime la nécessité pour l’opérateur ou l’assistante dentaire de tenir le capteur intra-oral, réduisant ainsi leur exposition aux rayonnements ionisants.

 

  • Amélioration de la précision des clichés : Il assure un positionnement stable du capteur, évitant les erreurs de parallaxe et améliorant la qualité des images diagnostiques.

 

  • Conformité aux réglementaire de radioprotection fixée par le code du travail : L’utilisation de cet outil est une obligation implicite pour garantir le respect des réglementations en matière de radioprotection, tant pour les praticiens que pour les patients.

 

 

L’importance d’installer des interrupteurs de déclenchement des radiographies depuis l’extérieur de la salle de soins dentaire

 

Dans un souci constant de radioprotection, il est essentiel que le chirurgien-dentiste ne soit pas exposé aux rayonnements lors de la prise des radiographies.

L’une des mesures les plus efficaces pour atteindre cet objectif est l’installation d’interrupteurs de déclenchement des radiographies à l’extérieur de la salle de soins.

Cette procédure permet au praticien de rester à l’écart de la zone irradiée tout en ayant un contrôle total sur l’émission des rayonnements X. En utilisant ces dispositifs, le dentiste peut éviter de se trouver dans la salle pendant l’exposition, réduisant ainsi considérablement son risque d’exposition directe aux radiations.

Les interrupteurs extérieurs sont non seulement un gage de sécurité supplémentaire pour le praticien, mais ils permettent également de respecter les principes fondamentaux de la radioprotection, tels que le principe de distance (qui stipule que plus l’on s’éloigne de la source de rayonnement, moins l’exposition est importante) et le principe de temps (réduire au minimum la durée d’exposition).

De plus, cette mesure permet de protéger d’autres membres du personnel, comme les assistantes dentaires, qui doivent rester en dehors de la zone radiologique pour se conformer à la législation. En garantissant que le déclenchement de la radiographie se fasse depuis un endroit sécurisé, ces interrupteurs renforcent la sécurité globale du cabinet dentaire et contribuent à réduire le risque de pathologies liées à une exposition prolongée aux rayonnements ionisants.

 

 

Le Code du travail et l’interdiction pour les assistantes dentaires d’être présentes en salle de radiographie au moment des radiodiagnostics

 

La législation en matière de radioprotection a évolué afin de protéger au mieux les professionnels de santé, et surtout le personnel assistant.

En France, le Code du travail et la convention nationale des assistants dentaires interdit formellement aux assistantes dentaires de se trouver dans la salle de radiodiagnostic,  lors de l’émission des rayonnements X, en vue d’éviter toute exposition inutile.

Cette réglementation repose sur le principe ALARA (As Low As Reasonably Achievable), qui vise à minimiser les doses de rayonnements X reçues par le personnel non strictement nécessaire à l’examen radiologique.

Les évolution du Code du travail pour les professions du dentaire en France

 

  • Protection du personnel : L’exposition répétée aux rayons X, même à faible dose, peut induire des effets délétères à long terme, comme un risque accru de cancers et d’altérations cellulaires.

 

  • Encadrement strict des pratiques : L’interdiction de présence des assistantes dentaires en salle de radiologie a permis de mettre fin à certaines pratiques dangereuses, notamment celles où le personnel tenait directement le capteur intra-oral.

 

  • Renforcement des bonnes pratiques : L’obligation d’utiliser un angulateur a favorisé une standardisation des protocoles de radiographie dentaire, améliorant à la fois la sécurité et la qualité des soins.

 

Pourquoi l’usage de l’angulateur reste encore insuffisamment répandu en France ?

 

Malgré les bénéfices indéniables de l’angulateur en radiologie dentaire, son utilisation reste encore trop peu répandue en France parmi les chirurgiens-dentistes. Plusieurs facteurs expliquent cette réticence :

  • Un manque de formation initiale et continue : De nombreux praticiens n’ont pas été formés dès leur cursus universitaire à l’utilisation systématique de l’angulateur. Les habitudes acquises au cours des années persistent, d’autant plus que l’usage manuel du capteur est souvent perçu comme plus rapide et intuitif.

 

  • Des résistances liées aux contraintes matérielles : Certains chirurgiens-dentistes considèrent que l’angulateur peut être encombrant ou inconfortable pour certains patients, notamment en cas de réflexe nauséeux. Ils privilégient alors une approche manuelle, malgré les risques radiologiques associés.

 

  • Une prise de conscience insuffisante des dangers d’expositions radiologiques répétées : Contrairement aux radiologues ou aux professionnels de la médecine nucléaire, les chirurgiens-dentistes n’ont pas toujours une perception claire de leur niveau d’exposition aux rayonnements ionisants. Pourtant, le fait de travailler au contact direct du patient dans une zone radiologique surveillée (zone bleue) implique une exposition répétée aux rayonnements X, ce qui présente un risque réel sur le long terme.

 

  • L’absence de vérification en radioprotection périodique et de sanctions : Bien que la réglementation impose des mesures strictes de radioprotection, leur application varie selon les cabinets. L’absence de contrôles fréquents ou de sanctions dissuasives peut favoriser le maintien de pratiques inadaptées.

 

 

Un risque radiologique sous-estimé pour les praticiens

 

Travailler au contact du patient sans protection adéquate expose directement le praticien à des doses cumulatives de rayonnements ionisants. Contrairement à une exposition ponctuelle, cette irradiation chronique peut avoir des conséquences graves sur le long terme.

Les mains, souvent exposées en premier lieu, ne sont pas les seules concernées : les organes internes tels que l’intestin, l’estomac et les poumons peuvent absorber une partie des radiations dispersées, augmentant le risque de mutations cellulaires et de pathologies graves, y compris des cancers professionnels.

L’adoption généralisée de l’angulateur permettrait donc de limiter ces expositions inutiles et d’aligner les pratiques des chirurgiens-dentistes sur les standards de radioprotection en vigueur dans les autres spécialités médicales. Pour cela, un effort de sensibilisation, de formation et d’application réglementaire plus stricte est indispensable.

 

Un cas aberrant constaté, lors de l’intervention d’un radioprotectionniste

 

Un cas particulièrement alarmant a été relevé par un radioprotectionniste appartenant à un organisme compétent et spécialisé dans la radioprotection dentaire.

Lors d’une vérification en radioprotection dans un cabinet dentaire, un radioprotectionniste a constaté une pratique inacceptable : l’assistante dentaire tenait systématiquement le capteur intra-oral dans la bouche du patient lors de chaque prise de radiographie, pendant que le dentiste restait à l’extérieur de la salle pour déclencher l’exposition aux rayons X.

Cette méthode, non seulement contraire à la réglementation, exposait directement l’assistante dentaire à des doses cumulatives de rayonnements ionisants, augmentant son risque de développer des complications à long terme.

L’intervention d’un radioprotectionniste, lors d’une vérification de en radioprotection a permis de corriger cette dérive en imposant l’utilisation systématique d’angulateurs et en rappelant les obligations légales en matière de radioprotection.

En résumé

 

L’usage d’un angulateur en radiologie dentaire est une mesure essentielle pour garantir la sécurité des professionnels et des patients.

Le Code du travail, en interdisant aux assistantes dentaires d’être présentes en salle lors des expositions aux rayonnements, constitue un progrès majeur en matière de radioprotection. Il appartient aux chirurgiens-dentistes d’adopter des pratiques conformes et de s’assurer du respect des protocoles, pour éviter des situations aberrantes sur le lieu de travail.

La radiologie dentaire doit évoluer dans un cadre rigoureux où la sécurité prime sur la facilité d’exécution. L’angulateur est un outil clé dans cette démarche de protection et de professionnalisme.

 

 

Christophe Navarro, auteur

 

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